L’artificialisation des terres est souvent étudiée sous un angle très urbain : nombre de logements, mètres carrés d’activités construits, … Le débat actuel sur la Zéro artificialisation nette porte sur la reconstruction de la ville sur la ville, sur la densité admissible, sur le nombre d’hectares consommés.
On parle finalement peu des terres agricoles disparues, des causes qui ont conduit à les utiliser pour autre chose que pour la production de nourriture. Pourtant, depuis 40 ans, la déprise agricole est bien réelle en Centre-Val de Loire avec une perte de 7 % des terres agricoles depuis 40 ans, soit 192 318 ha. Elle impacte plus fortement le Cher et le Loir-et-Cher, plus faiblement l’Eure-et-Loir. Les terres agricoles disparaissent majoritairement au profit de l’artificialisation, mais pas partout. Les terres du Loir-et-Cher et de l’Indre se transforment en « terres naturelles ». Les friches agricoles sont plutôt situées dans le Loir-et-Cher (Sologne) et l’Indre-et-Loire (Nord et Ouest Touraine). Mais il est difficile de brosser un portrait précis de la déprise par territoires agricoles, au vu du manque des données, et de leur fiabilité discutable.
La déprise a des causes multiples. Elles peuvent être agricoles : faible intérêt de certains terrains (ex : non accessibles pour les machines, en pente, sols pauvres), difficultés économiques, changements d’activités agricoles non adaptés au territoire. Les concurrences d’usage constituent d’autres causes : l’artificialisation plus rentable pour les propriétaires, les loisirs (ex : domaine de chasse), les implantations photovoltaïques, voire les éoliennes, des aides économiques notamment européennes créant des inégalités entre territoires…
La déprise agricole entraîne une perte de biodiversité presque aussi importante que celle de l’intensification agricole. L’artificialisation de terres agricoles réduit définitivement la biodiversité. Mais la remise en pâturage de terres enfrichées permet de réaugmenter la biodiversité. La perte de terres agricoles entraîne une perte de production agricole, préjudiciable pour notre indépendance alimentaire. Les terres agricoles qui ne sont plus exploitées s’embroussaillent. Cela favorise les incendies. C’est un enjeu fort, car en 2040 le risque incendie du Centre-Val de Loire sera équivalent à celui actuel des Landes.
Le CESER appelle donc les différents acteurs à s’organiser, localement et en lien avec le Département, la Région, mais aussi les outils que sont la SAFER, les EPFL, la Chambre d’agriculture, Terre de liens…, pour lutter contre la déprise agricole.
Sans connaissance fiable de la déprise, il semble difficile de lutter contre ce phénomène complexe. De même sans ambition régionale des outils fonciers existants (SAFER, EPFL), sans développement des Zones Agricoles Protégées (ZAP), et sans Périmètres de protection et de mise en valeur des espaces Agricoles Et Naturels périurbains (PAEN), ni renforcement des volets agricoles du SRADDET et des SCOT, les actions de lutte contre la déprise resteront faibles.
Mais pour réussir, les synergies entre acteurs sont indispensables. La Région, les départements, les EPCI et les communes devraient travailler conjointement contre la déprise, en mutualisant et déployant leurs forces.
La meilleure prise en compte des enjeux environnementaux de la déprise par les différents acteurs, permettrait de revoir l’usage des terres, pour mieux préserver celles qui nous nourrissent.
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