Quasiment chaque année en Centre-Val de Loire, de nombreux cours d’eau sont à sec, dans l’ensemble des départements. La région n’est pas épargnée par les sécheresses sévères dont la fréquence s’accélère. Aussi, le manque d’eau invite au repli sur soi et à la prise de décisions hâtives, pas toujours fondées scientifiquement ni partagées.
Le CESER se devait donc de produire un rapport d’alerte sur l’eau « L’eau, ressource épuisable » présenté à sa séance plénière du 16 octobre 2023.
Ce rapport rappelle dans son état des lieux des chiffres inquiétants mais bien connus des acteurs du monde de l’eau : amplification du manque d’eau avec le changement climatique (baisse jusqu’à 40 % de débit des cours d’eau d’ici 2070, baisse de 30 % de la recharge des nappes souterraines), alors même que la situation est déjà grave. Alors que 97 % de l’eau potable du Centre-Val de Loire est prélevée dans les nappes, ces dernières affichent un taux de remplissage bas à très bas en 2023. Au centre de la question de l’eau, nos usages. Alors que la ressource se raréfie, en moyenne par an nos prélèvements augmentent de 4 % entre 2012 et 2020 en général, et de 10 % dans les nappes souterraines. Un peu moins de la moitié de l’eau que nous prélevons n’est pas rendue aux milieux naturels. Ces augmentations sont le fait du besoin accru d’irrigation, et d’une plus grande utilisation d’eau potable. Le manque d’eau dans les cours d’eau et les milieux naturels contribue fortement à la baisse de la biodiversité d’autant que le Centre-Val de Loire est traversé par de nombreuses zones humides. Le rapport constate que plus de la moitié des milieux naturels menacés en Centre-Val de Loire sont des milieux humides.
Face à cette situation grave, le CESER appelle l’ensemble des usagers à devenir plus sobres dans leurs usages de l’eau. En effet, le vivant, l’homme, la sécurité incendie, l’agriculture notamment maraîchère, la production d’électricité, la production industrielle, le numérique, ne peuvent pas se passer d’eau. L’enjeu de sobriété est essentiel et doit être partagé par tous, l’eau étant un bien commun, selon les termes mêmes de la loi. La sensibilisation, la formation de tous sur la rareté de l’eau est essentielle. La réponse collective à l’échelle d’un territoire est fondamentale, pour un meilleur partage de l’eau. La recherche de synergie, de concertation entre acteurs aux points de vue au départ divergents, est un levier majeur à développer.
Le CESER appelle à améliorer la gouvernance de l’eau, et incite la Région à prendre la compétence optionnelle « animation et gestion de l’eau ». Les arrêtés sécheresses doivent être harmonisés entre les départements et simplifiés. Les solutions économes en eau doivent être massifiées. Il s’agit de privilégier d’abord les solutions fondées sur la nature et adaptées au territoire, en redonnant au sol son rôle d’éponge pour favoriser la recharge des nappes souterraines. Ralentir l’eau dans les aménagements urbains est essentiel, en favorisant par exemple des jardins de pluie et des noues pour recueillir les eaux pluviales. Le monde agricole doit intensifier sa mue pour optimiser le potentiel hydrique des sols. Mais face à la complexité de ce changement tant sur le plan économique qu’environnemental, une stratégie régionale et des financements suffisants semblent nécessaires. La poursuite de la recherche d’innovations pour favoriser les économies d’eau est importante. Il s’agit notamment d’éviter des solutions techniques simplistes, contradictoires avec les objectifs de sobriété. La Réutilisation des Eaux Usées Traitées n’est ainsi pas toujours bénéfique contrairement aux apparences, cela pouvant renforcer le manque d’eau et de débit dans certains cours d’eau.
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